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Au nom de Dieu, du Tsar et de la patrie
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À une centaine de kilomètres de Moscou, Mikhaïl Morozov, la cinquantaine bedonnante, règne en maître sur le village de Durakovo, littéralement "le village des fous" en russe. Y viennent ceux, souvent jeunes, qui souhaitent rompre avec la vie moderne et ses tentations, l'alcool ou la drogue, et aspirent à une discipline de fer. Si ce n'est le leur, tel est le souhaitde leurs parents. Durakovo est un modèle de "démocratie dirigée", un concept en vogue dans la Russie de Vladimir Poutine. Homme d'affaires ayant fait fortune, Morozov, chrétien orthodoxe convaincu, a créé une microsociété placée sous l'autorité de Dieu, fonctionnant sur un modèle quasi féodal, hérité de l'époque des tsars. La réalisatrice d'origine géorgienne Nino Kirtadzé éclaire avec vivacité l'un des visages de la Russie d'aujourd'hui, celui d'une fraction de la population, nostalgique d'un pouvoir fort, religieux et nationaliste. Devant la caméra de la réalisatrice, Morozov, mais aussi son ami Sergueï Babourine, nationaliste et viceprésident de la Douma, se livrent sans ambages, aussi bien au cours d'une partie de campagne amicale réunissant d'anciens et d'actuels dignitaires de l'armée qu'à la réception d'une délégation vénézuelienne à Moscou. Proches de la haute hiérarchie religieuse orthodoxe, ces partisans du président Poutine souhaitent rétablir une Russie puissante, contre l'Otan, les États-Unis et l'Europe, jugée "marginale et se prenant trop au sérieux" ! Pendant ce temps, les pensionnaires de Durakovo travaillent dur. Ils construisent, cultivent et prient, dans le secret d'une imposante forteresse et de ses pittoresques demeures dignes d'un Disneyland slave. Peu se risquent à émettre une opinion, encore moins une critique, de peur d'encourir les foudres de Mikhaïl Morozov. Si ce n'est un jeune garçon d'une douzaine d'années qui affirme avec conviction : "La démocratie, c'est bon pour l'Ouest."